Achat de terrain (action B1)

Dans chacun des quatre SICp retenus, le lit majeur des trois cours d'eau va nécessiter des mesures de conservation et de gestion qui seront incompatibles avec l'exploitation agricole, forestière ou cynégétique actuelle. Certaines de ces zones vont devoir être restaurées ou aménagées pour permettre la conservation des moules.

Les terrains acquis dans le cadre du projet recevront le statut de réserves naturelles au terme du projet. L'objectif est d'atteindre 96ha au terme du projet.

Au 31/08/07, les acquisitions concernent 164 ha (inclus les terrains acheté sur fond propre car situé hors périmètre Natura 2000) de terrains situés en fond de vallée soit presque 171% de l'objectif (99 propriétaires concernés).

Acquisition de 3ha en tête de bassin de l'Anlier.

Ci-dessous, l’impact des achats de terrains Life et actions annexes sur la mise sous statut des terrains de l’ensemble du bassin versant et des terrains en fond de vallée prioritaires (inclus les classement en RNA, RND en cours).

Ci-dessous, une comparaison entre les 4 sites d’études des impacts liés aux acquisitions en fonction des 3-4 grandes catégories.

Globalement, 72,4 % des achats ont permis supprimer les activités forestières intensives liées à l’enrésinement des fonds de vallée. Cela s’explique par le fait que dans 89% des cas, les parcelles indemnisées ont permis l’acquisition du fonds après exploitation. Cela permet donc de répondre à la menace 2 (risque d’écrasement des individus lors des exploitations forestières) et 3 : mauvaise qualité de l’eau en raison des sédiments libérés lors des exploitations forestières non contrôlées, érosion non naturelle des berges enrésinées (incision des berges) , érosion des sols sous résineux lors des crues, diminution de la faculté naturel des fonds de vallée et des berges à piéger les sédiments lors des crues débordantes ou de plein bord, diminution de la qualité des ressources alimentaires pour les moules.

14% des achats ont permis de répondre à la menace 2 (risque d’écrasement des individus lors des traversées de cours d’eau par les machines agricoles et le bétail) et la menace 3 (altération de la qualité de l’eau par le libre accès du bétail au cours d’eau et les amendements en fond de vallée). Pour les menaces agricoles, les acquisitions ne sont pas suffisantes pour écarter les menaces. A ce jour, outre la poursuite des acquisitions qui est probablement la solution la moins onéreuse et qui fournit des garanties à long terme, seul les MAE peuvent compléter cette action (voir After-Life) mais étant donné leur caractère volontaire cela ne permet pas d’obtenir des résultats ciblés et rapides. La mise en œuvre de Natura 2000 devra, à travers les mesures particulières prendre le relais…

 

Mise à blanc des résineux (action C1)

En Wallonie, des mesures de protection des sites d'une atteinte directe (piétinement) ou indirecte (apport de matière en suspension, eutrophisation, ...) sont nécessaires dans les quatre SICp.

Les plans de conservations définis dans le cadre des Actions A1 et A2 définiront les modalités d'application précises d'un certain nombre de mesures de gestion :

Une option retenue est la mise en oeuvre de contrats à long terme avec les propriétaires pour racheter les bois d’épicéas, les couper et restaurer le site, et interdire la replantation de résineux à l’instar de ce qui a déjà été réalisé dans le cadre d’un pogramme Interreg II dans les Hautes-Fagnes. Cette action à pour but de restaurer les fonds de vallée afin d'améliorer la qualité de l'eau, la qualité des ressources alimentaires pour les moules perlières et les populations de truites fario et de contrôler les conditions d'exploitations afin de réduire au maximum l'apport de sédiments dans les cours d'eau.

Au 31/08/07, le retrait de résineux concernent un peu moins de 90ha de terrains situés en fond de vallée soit 175% de l'objectif.

Exploitation de 4ha d'épiceas dans la vallée de l'Our. Les terrains ont été acquis et seront gérés par fauche et pâturage extensif.

Exploitation de 3ha d'épicéas dans la vallée de la Rulles.

 

Pour la moule perlière, le retrait des résineux en fond de vallée est important. Les résineux ont souvent été plantés au détriment des prairies humides, source de nourriture pour l’espèce. Sur certains secteurs (voir étude Ulg phase 1, RA 2006), en moins d’une centaine d’années (= espérance de vie de la moule perlière en Belgique), les prairies humides de fond de vallée ont régressé de 70% au détriment des épicéas.

Avec leurs racines superficielles, les épicéas ne fixent pas correctement les berges de nos cours d’eau. Celles-ci se creusent anormalement, les arbres se déracinent en emportant des morceaux de berges dans le cours d’eau (= contribution au colmatage des fonds).

Le manque de lumière causé par les peuplements distants à 0-6 mètres seulement des berges appauvrit la faune aquatique dans la rivière (impact potentiel sur les populations de truites fario), empêche la végétation de s’installer et limite la fixation du sol lors des crues. En effet, l’enrésinement quasi systématique des fonds de vallée a pour effet de détruire la strate herbacée qui alors protégeait le sol de l’érosion hydraulique lors de crues débordantes, des vitesses de courant supérieures à 50 cm/s suffisent pour éroder le sol alluvial (Petit, 1992). Nos observations et plusieurs auteurs dont Schneider J.-B. (2007) ont montré que la strate herbacée protégeant les berges a aussi disparu, ce qui favorise de la même manière l’érosion des berges lors des crues débordantes et non débordantes. Les sédiments fins ainsi libérés colmatent la charge de fond lors de la décrue.

Le retrait précautionneux des résineux pourra à moyen terme avoir un impact bénéfique sur la problématique du colmatage des fonds. Afin de piéger à nouveau les sédiments fins libérés lors des crues ailleurs que dans le lit mineur, nous pouvons compter sur les fréquents débordements des rivières et sur la décantation de fines en plaine alluviale. Le retrait des pessières et la recolonisation par une strate herbacée, voire une forêt feuillue permettra de favoriser la décantation de fines lors de crues débordantes, cela a été mis en évidence lors de l’étude phase II de l’action D1 et lors d’application de techniques végétales pour protéger des berges (Hallot et al, 2003).

 

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