Menaces

Destruction volontaire des individus pour la recherche des perles

La moule perlière a été exploitée parfois de manière très intensive dans le passé pour la recherche des perles. Le principe consistait à ramasser tous les individus d'un tronçon de cours d'eau et à les ouvrir. Parfois, plus de 10.000 moules pouvaient ainsi être détruites en une journée.


Destruction involontaire des individus ou des sites

L'accès des lits des cours d'eau au bétail ou aux machines, la pratique du canoë et du kayak, la pêche dans l'eau, ... sont autant de facteurs de destruction involontaire par écrasement. La perturbation ou la destruction des sites qui recèlent encore des populations ou de leurs abords immédiats (travaux d'exploitation forestiers, installation de gagnages, plantations de résineux, travaux agricoles, curage des cours d'eau, rectification des berges, travaux d'égouttage, ...) sont aussi une menace très importante. L'absence d'inventaires systématiques pour la localisation des populations de moules, la relative confidentialité des localisations connues et l'absence de sensibilisation de la population locale et des administrations responsables expliquent que cette menace est encore potentiellement importante.



Rectification du cours d'eau, une vache pieds dans l'eau, et le résultat d'un débardage en travers du cours d'eau...

 

Mauvaise qualité de l'eau

Vu la diversité des exigences écologiques des différents stades de développement des moules perlières, les menaces indirectes sur la qualité des milieux sont nombreuses.


Reproduction : le débit de l'eau et sa température sont essentiels pour assurer une insémination efficace.

Stade larvaire et glochidie : la qualité de l'eau (concentration en nitrates, phosphates, calcium, DBO5, conductivité) et la température de l'eau sont essentielles pour assurer le développement des juvéniles.

Stade jeunes moules : lorsqu'elles s'enfoncent dans le substrat, c'est la qualité de ce substrat (qualité chimique, texture) qui est alors essentielle, avec la turbidité de l'eau. Les matières en suspension apportées par l'érosion colmatent les microhabitats occupés par les moules et limitent le niveau d'échanges entre l'eau interstitielle et l'eau libre de la rivière, diminuant la quantité d'oxygène disponible pour les juvéniles. Dans les tronçons fortement ensoleillés, la production organique augmente sous l'effet de la photosynthèse. Cela se traduit par la formation d'une vase aussi très fine qui se dépose sur le fond et colmate les interstices.

Croissance et stade adulte : bien qu'elles soient, grâce à leur taille, moins sensibles à la qualité de l'eau et la turbidité, une qualité minimale est nécessaire pour garantir leur survie. De plus, l'apport de matière organique en provenance de la rhizosphère de prairies en bordure des cours d'eau semble être d'une grande importance pour la synthèse du coquillage calcaire des animaux juvéniles.

Les origines d'une mauvaise qualité chimique de l'eau sont multiples : rejet des eaux usées sans épuration, amendements et effluents agricoles, herbicides, engrais et amendements des gagnages, eutrophisation, ... Pour la turbidité et le colmatage des fonds, le principal problème est l'érosion due au ruissellement, l'accès des lits des cours d'eau au bétail, l'effondrement des berges non consolidées par la végétation et l'exploitation forestière. En ce qui concerne la température, qui est conditionnée par l'ensoleillement, la présence du bétail jusqu'au bord de l'eau ou dans l'eau élimine systématiquement la recolonisation arbustive. De nombreux rideaux rivulaires d'aulnes ont aussi été exploités comme bois de chauffage.

Eau verdâtre du à l'eutrophisation, un ruisseau en aval d'un égout et un berge qui s'écroule suite au pâturage...


Faible densité et structure d'âge déséquilibrée de la population de poissons hôtes (Salmo trutta forma fario)

Le stade glochidie parasitant les branchies des poissons est un passage indispensable. Ce sont surtout les stades juvéniles de la population hôte (Salmo trutta forma fario) qui sont importants et le mieux parasités, notamment à cause des réactions physiologiques de défense après des infections répétées. La structure d'âge de la population hôte est donc un autre critère essentiel pour assurer le développement des moules perlières. Cette structure d'âge est menacée par les lâchers de poissons adultes réalisés pour "repeupler" les rivières pour la pêche par la plus grande densité d'adultes mais aussi par la prédation que ceux-ci exercent vis-à-vis de jeunes truitelles. De plus, la pratique de la pêche au début de l'été peut conduire à prélever des poissons infectés, diminuant aussi les chances de réussites.


Faible densité et structure d'âge déséquilibrée des populations de moules

La répartition très dispersée d'individus ou de petites populations conduit à fortement limiter les chances d'une reproduction efficace, puisque le sperme est lâché dans l'eau de manière simultanée quand les femelles sont réceptives. Cette coordination est impossible lorsque les densités sont trop faibles ou que la dispersion des individus est trop grande. Par ailleurs, la structure d'âge actuelle des populations importantes connues actuellement démontrent que tant en Wallonie qu'au Luxembourg, les individus sont très vieux. En Wallonie, aucune des différentes études réalisées sur la Schwalm, l'Our et certaines parties du bassin de la Rulles n'a pu attester la présence de jeunes moules. Pourtant, les travaux de Groh (2000) démontrent qu’au Grand-Duché de Luxembourg, les individus vieux sont capables de se reproduire.

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